Et si on osait…

Tourner la tête pour éviter le regard, fermer les yeux parce que trop dur à accepter, changer de trottoir parce que mal à l'aise, parler d'autre chose parce que pas de solutions, faire semblant qu'il y a toujours plus grave...

Et si on osait une fois s'arrêter pour bien comprendre ce qui est en train de se passer. Comprendre pourquoi et comment plus de cent mille habitants de notre pays – hommes, femmes et enfants – sont privés d'avenir, privés d'existence, privés des droits humains les plus élémentaires.


Actuellement, on estime à plus de cent mille le nombre de sans-papiers qui vivent – ou survivent – en Belgique. Soit 1 % de la population.  Ils habitent dans notre commune, ils sont nos voisins. Leurs enfants et les nôtres vont à l'école ensemble. Nous les rencontrons en rue, ils nous sourient et nous les saluons en retour, en ignorant qu'un détail insignifiant – un simple papier – creuse entre eux et nous une sorte d'abîme invisible.

Ils ne sont pas des milliards : ils sont cent mille. Ils ne sont pas « toute la misère du monde » : ils n'en sont qu'une part infime. Ce sont des rescapés, rescapés de guerres, de chambres de tortures, de mutilations sexuelles ; rescapés de la misère, de l'injustice et de la violence ; rescapés du voyage qui les a conduits jusqu'à nous, rescapés qui ont cru en l'Europe des Droits de l'Homme et qui continuent à y croire … et à nous sourire lorsque nous les croisons en rue.

Nous devons nous rendre à l'évidence : la plupart de ces personnes ne retourneront pas  dans leur pays d'origine. Que ce soit par générosité ou par pragmatisme, nous ne pouvons que les accepter. Ils sont déjà nos concitoyens, nos voisins, nos proches.

Ils ne sont pas « la misère du monde » et ils ne veulent pas être la misère de la Belgique. La plupart travaillent déjà, même si ce n'est pas dans la plus grande clarté. Souvent exploités par un monde qui en tire profit, ils sont criminalisés par un État qui continue, contre toute logique, à leur refuser le droit de travailler ce qui revient à leur refuser le droit de vivre. Or, contrairement à ce que l'on croit parfois, la plupart ne bénéficient d'aucune aide sociale ni même médicale.

À Malmédy – comme dans d'autres villes – des citoyens ont décidé de lutter contre l'injustice et l'inacceptable . Permettre aux sans-papiers de vivre décemment. Résister avec eux. C'est ainsi que s'est organisé un réseau d'aide pour résoudre, notamment, les problèmes d'hébergement de plusieurs sans-papiers de la région. Le Comité malmédien pour le soutien aux sans-papiers et pour le respect du droit d'asile, qui compte déjà plus de vingt membres, a été mis en place pour coordonner ce réseau.

Bien sûr, la Belgique ne peut pas accueillir toute la misère du monde , mais qui parle de cela ? Accueillons d'abord ceux qui sont déjà arrivés chez nous. Parce qu'ils nous ont fait confiance en frappant à notre porte.

Frère Pol Grégoire

Le Comité malmédien pour le soutien aux sans-papiers vous invite au souper qu'il organise au profit des sans-papiers, le 17 octobre 2008 à 19 heures, à la salle « Le Caillou Blanc » à Malmédy.

Email : cssp4960@gmail.com

Compte : 779-5972621-74